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pouvez-vous par bon…té me faire donner, par bon…té, une cou…ver…ture.

— Donnez-lui une couverture.

— Mer…ci, com…man…dant, par bonté.

Et un petit chat qui voulait jouer sauta sur les genoux de cette homme en transe.

On me conduisit dans les locaux.

D’abord je fis un pas en arrière. C’est la nouveauté du fait qui me suffoquait. Je n’avais encore jamais vu d’homme en cage par cinquantaine. Torses nus pour la plupart (car en Guyane, s’il ne fait pas tout à fait aussi chaud qu’en enfer, il y fait, en revanche, beaucoup plus humide) tous ces torses étaient illustrés. Les « zéphirs », ceux qui proviennent des bat’-d’Af, méritaient d’être mis sous verre. L’un était tatoué de la tête aux doigts de pieds. Tout le vocabulaire de la canaille malheureuse s’étalait sur ces peaux : « Enfant de misère. » « Pas de chance. » « Ni Dieu ni maître. » « Innocents. » « Vaincu non dompté. » Et des inscriptions obscènes à se croire dans une vespasienne. Celui-là, chauve, s’était fait tatouer une perruque avec une impeccable raie au milieu. Chez un autre, c’étaient des lunettes. C’est le premier à qui je trouvai quelque chose à dire :

— Vous étiez myope ?

— Non ! louftingue.

L’un avait une espèce de grand cordon de la Légion d’honneur, sauf la couleur. Je vis aussi des signes cabalistiques. Et un homme portait un