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prendre votre arrivée et vous souhaite la bienvenue parmi nous. Ma mère, que j’adore, est journaliste et fait, depuis plus de vingt ans, les procès criminels dans un département du Centre. Dites-moi quand je pourrai vous voir. Je suis porte-clefs et dispose de mon temps. »

Signé : V…, transporté au camp de Cayenne, Matricule 35.150…

— Quand il voudra !

Un quart d’heure après, un élégant faisait dans ma chambre une entrée souriante. Col empesé, maillot rayé blanc et bleu, fines chaussures. C’était un matelot de pont, un de ceux qui reluquent les passagères entre deux coups de balai. Il était rose, frais et ressemblait à un pompon de jolie femme. Je cherchai ses gants, mais il ne les mettait que le soir… C’était mon V, mon transporté au camp de Cayenne, mon matricule 35.150.

— Voyons, lui dis-je, j’arrive, je ne sais rien. Êtes-vous encore forçat ?

— Oui, et à perpétuité.

— Alors, qu’est-ce que vous faites dans ce costume ?

Il était porte-clefs et forçat influent. Un député de ses relations l’aidait à faire décorer les surveillants militaires. Quant à moi, il fallait que je fusse vraiment innocent pour ne pas connaître les combinaisons du métier de forçat.

Il partit et je mis le nez à la fenêtre. Une idylle se déroulait justement dans le jardin à côté,