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UNE HISTOIRE


On avait fermé portes et volets. Il s’agissait ce soir, chez Pomme-à-Pain, de causer sérieusement et sans témoins. Le Chinois caissier n’était pas tranquille. Il boucha jusqu’aux trous de serrures.

Il y avait là des libérés et des relégués en rupture de camp. Et ce n’était pas par hasard que je me trouvais en leur société, les coudes sur cette table gluante. Aujourd’hui, par des procédés tenant du labyrinthe, ils m’avaient fait savoir qu’ils m’attendraient.

— Voici l’histoire, monsieur. Elle est toute neuve. Si l’on contre-appelle, je risque trente jours de blockhaus. Mais je devais vous l’apporter. C’était mon devoir. Rénouart, un pied-de-biche, avait posé, l’avant-dernière nuit, à Saint-Jean, des pièges pour le gibier. Ce n’est pas une nouveauté. Quand on prend un pack, un agouti, on est bien content. C’est notre seule façon de chasser, à nous, qui n’avons pas de fusils ! Rénouart s’en va donc, ce matin, voir si le gibier avait donné.

Mais, derrière un arbre, embusqué, il trouva le