mille » pressés et empressés et tout le régiment rôdeur, inquiet, loqueteux des quatrième-première : les pitoyables libérés.
C’est par ses libérés que Saint-Laurent s’impose.
Là, on fait le doublage, et là demeurent à perpétuité (mais meurent bien avant !) les forçats condamnés à huit ans et plus et qui ont achevé leur peine.
Que font-ils ? D’abord ils font pitié. Ensuite, ils ne font rien. Les concessions ? Ah ! oui ! « À leur libération, les transportés pourront recevoir une concession… » Il y en a. Mais à peu près autant que de bâtons de maréchal dans les sacs d’une brigade qui passe.
Alors, hors de prisons, dans la rue, sans un sou, portant tous sur le front, comme au fer rouge et comme recommandation : ancien forçat ; avilis, à la fois révoltés et matés, minés par la fièvre, redressés par le tafia, vont, râlent, invectivent, volent et jouent du couteau, les parias blancs de Saint-Laurent-du-Maroni.
Leur formule est juste : le bagne commence à la libération. Qu’ils travaillent ! Où ça ? ils ont une concurrence irréductible : celle des forçats en cours de peine. Exemple : Une société, la Société forestière, vient s’installer en Guyane. C’est la première. Les libérés voient un espoir, ils vont avoir du travail. Catastrophe ! Le ministère accorde à cette société deux forçats officiels à 75 centimes par jour.