— Il fait sa peine pour sa seconde évasion.
On n’ouvrit pas la porte, mais le guichet. Une tête apparut comme dans une lunette de guillotine.
— Oui, oui, dit Dieudonné, je suis surpris, je n’avais pas entendu. Je voudrais vous parler. Oui, oui, pas pour moi, mais en général.
Il était forcé de se courber beaucoup. Sa voix était coupée. Et c’est affreux de ne parler rien qu’à une tête. Je priai d’ouvrir. On ouvrit.
J’entrai dans le cachot.
Son cachot n’était pas tout à fait noir. Dieudonné jouissait d’une petite faveur. En se mettant dans le rayon du jour, on y voyait même assez pour lire. Il avait des livres : le Mercure de France, de quoi écrire.
— Ce n’est pas réglementaire, mais on ferme les yeux. On ne s’acharne pas sur moi. Ce qu’il y a de terrible au bagne, ce ne sont pas les chefs, ce sont les règlements. Nous souffrons affreusement. On ne doit pas parler, mais il est rare que l’on nous punisse d’abord. On nous avertit. À la troisième, à la quatrième fois, le règlement joue, évidemment. Mais ce qu’il y a de pire, d’infernal, c’est le milieu. Les mœurs y sont scandaleuses. On se croirait transporté dans un monde où l’immoralité serait la loi. Comment voulez-vous qu’on se relève ? il faut dépenser toute son énergie à se soustraire au mal.
Il parlait comme un coureur à bout de souffle.
— Oui, je suis ici, mais c’est régulier. Pour ma