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priété, n’est-ce pas ? Je la mis sous un bras. Je nageai d’un seul. Je vis Jean-Marie qui soutenait Venet, et Menœil, avec son œil et ses cinquante-six ans, qui entraînait le gosse Deverrer.

— Vous étiez à combien de la côte ?

— On distinguait les palétuviers très loin, très loin. Je continue ma nage dans le chemin de lune. Ma petite malle raclait le fond. Elle était pleine d’eau ; je l’abandonnai.

Je lève les bras. Je hurle pour rallier les naufragés : « Oôôôô ! Oôôôô ! » J’entends, de divers points de l’océan, d’autres « Oôôôô ! Oôôôô ! »

Tout à coup, mon pied touche le plancher. C’est la vase. Je me souviens de la leçon de marche. Accroupi, je trotte sur les coudes et sur les genoux pour éviter d’enfoncer, car, si loin de la côte, la vase est molle.

J’avance, essoufflé comme un pauvre chien après une course.

— Oôôôô ! Oôôôô !