Page:Londres - Adieu Cayenne.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Combien donc que t’a mis de temps, Eugène ?

Il laisse tomber, d’une bouche qui a soif :

— Soixante-douze jours !

Je donne de l’eau, du pain. Alors, je m’aperçois que parmi les trois il y a un moribond qui ferme déjà les paupières sur mon plancher.

— Qui est-ce celui-là ?

Dieudonné répond :

— De là-bas !

— Il faut le conduire à l’hôpital. Pour lui d’abord, pour nous ensuite. S’il meurt ici, nous serons jolis !

Le moribond ne pouvait plus marcher. Nous n’avions pas d’argent pour prendre une voiture.

— Ah ! dis-je à Jean-Marie, tu es fort toi ; moi aussi ! On le portera à la chaise morte. Comme c’est carnaval et la rigolade dehors, les gens croiront qu’on s’amuse.

Je m’habille. J’empoigne l’Autre,