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plus, Jean-Marie a sa malaria ; l’Autre, sa crève, et moi, ma jambe gauche…

Nous buvons l’eau qui coule le long des arbres. Jean-Marie ne peut pas. Il tremble tellement qu’il casserait ses dents contre l’écorce.

On marche en suivant le fil télégraphique, en le devinant, plutôt.

Ce sont trois forçats en promenade.

Au matin, nous avons fait vingt kilomètres. Nous tombons où nous sommes et dormons. Une heure après, nous reprenons la route. C’est dur de repartir ! Nous marchons tout le jour, nous arrêtant souvent. Il y a des bananes ; nous en prenons : la nature nous les donne.

Les maisons des villages que nous traversons sont en vase compressée. Qu’il ferait bon, là dedans, une heure ! une nuit ! Les habitants ferment leurs portes. Les chiens aboient, les enfants nous montrent de loin. La nuit revient.

L’Autre suit comme un automate. Il n’a pas dit un mot depuis vingt-quatre