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La loi, l’ordre et la contrainte avaient sculpté les traits de Frédéric Travers. Il avait le visage fort et énergique d’un homme habitué à commander et qui a usé de l’autorité avec sagesse et discrétion. Une vie pure lui avait donné une peau saine où seuls l’honnêteté et le travail avaient laissé leur empreinte.

Toute sa physionomie racontait la même histoire, depuis des yeux bleus limpides jusqu’à la tête couverte de cheveux châtains légèrement grisonnants, qu’il séparait par une raie et rejetait sur son large front. Très soigneux de sa personne, son léger costume estival seyait exactement à son âge encore alerte, et n’affichait pas insolemment les millions de dollars et les vastes propriétés dont aurait pu s’enorgueillir leur possesseur.

Car Frédéric Travers haïssait l’ostentation. L’automobile, d’un noir discret qui l’attendait dehors sous la porte cochère était la plus coûteuse du comté ; cependant, il se gardait d’en proclamer le prix et la force en chevaux lorsqu’il sillonnait le pays, dont la majeure partie lui appartenait, depuis les dunes de sable et les falaises éternellement battues des flots du Pacifique, les terres basses et fertiles et les pâturage élevés, jusqu’aux sommets lointains couverts de séquoias et couronnés de nuages et de brouillards.