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ment. Père l’a achetée, cette vie aventureuse et sans marchander. Elle lui paraissait digne d’un roi : il la paya royalement. Vous, vous avez lésiné sur le prix, comprenez-vous ? Vous avez voulu conserver vos artères, votre argent et tenir vos pieds au sec.

— Je saisis le sens de vos paroles, fit-il. Un homme qui redoute de se mouiller les pieds ne doit pas s’attendre à remporter le prix dans la course au bonheur.

■ ■

Un après-midi, à la fin de l’automne, tout le monde était réuni autour du grand fauteuil du capitaine Tom. À son insu, il avait sommeillé toute la journée et il venait de s’éveiller pour réclamer son ukulélé et prier Polly de lui allumer sa cigarette.

Mais l’instrument demeura muet sous son bras. Les bûches de pin crépitaient dans l’immense cheminée, mais il frissonna et s’aperçut qu’il avait froid.

— C’est bon signe, murmura-t-il, sans remarquer que la faiblesse de sa voix obligeait ses auditeurs à rapprocher la tête. L’hiver me servira de tonique, continua-t-il. Il est très difficile de se débarrasser le sang des fièvres tropicales. Mais je commence à me remettre et je compte entreprendre bientôt l’expédition du Kuskokîm. Au printemps, Polly, nous reprendrons la piste avec les chiens et tu contempleras