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redescendîmes le fleuve, nos cales bourrées de fourrures pour une valeur de huit mille dollars. Seuls tous les deux, pendant un long hiver ce fut une rude épreuve. Mais jamais nous ne connûmes un instant de mauvaise humeur. Tom est le meilleur camarade du monde. Et quel lutteur !

— Peuh ! disait l’autre voix. Il me souvient de cet hiver où Jones-l’Huileux se vanta de rafler tout l’or de Forty-Mile. Mais il n’y réussit pas. Quand il ouvrit de nouveau le bec, il se tourna vers Travers-le-Husky. La scène se passait au Caribou blanc. « Je suis un loup ! jappait Jones ». Tu connais son genre : un revolver à la ceinture, des franges à ses mocassins et de longs cheveux lui retombant dans le dos. « Je suis un loup ! jappait-il et c’est cette nuit que je hurle. M’entends-tu, espèce de grand avorton ! »

« Cette insulte s’adressait à Travers-le-Husky.

— Eh bien ? demanda l’autre voix, après une pause.

— La seconde suivante, Jones-l’Huileux était par terre et Tom Travers sur lui, priant quelqu’un de lui passer un coutelas de boucher. Il se contenta de rogner, au petit bonheur, la tignasse de Jones-l’Huileux. « Hurle, à présent ! » cria Travers en se relevant.

— C’était un type remarquable de sang-froid, malgré son caractère emporté, reprit