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Et personne ne le contredisait… pas même les hommes du Yukon qui, continuellement fumaient des pipes, des cigares noirs, et chiquaient du tabac sous la large véranda de Frédéric, au point que celui-ci se sentait comme un intrus dans sa propre maison.

Il n’avait aucun contact avec ces gens-là, qui le traitaient comme un étranger dont on tolère la présence. Ils venaient voir Tom, tout simplement, et leur façon de se comporter ne laissait pas de susciter chez Frédéric de légères pointes d’envie. Tous les jours il observait leur manège. Ils se donnaient rendez-vous chez lui et à peine l’un d’eux quittait-il la chambre du malade qu’un autre le remplaçait. Ils se serraient la main, solennellement et sans mot dire, à l’extérieur de la porte. Le nouveau venu interrogeait du regard l’autre, qui hochait la tête. Et plus d’une fois Frédéric remarqua leurs yeux humides. Ensuite le visiteur entrait, approchait son siège du fauteuil de Tom et, d’une voix joviale, se mettait à élaborer les préparatifs d’une exploration au Kuskokim supérieur : c’est là que se dirigerait Tom au printemps. On se procurerait des chiens chez Larabee — des pur sang n’ayant pas la moindre trace de croisement avec les races molles du Sud. C’était un rude pays, disait-on, mais si des pâles-aigres ne pouvaient y arriver de chez Larabee en quarante jours, ils aimeraient