Page:London - Par les tortues de Tasman, paru dans Ric et Rac, 6, 13 et 20 août 1932.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vers l’automne, des visiteurs d’un nouveau genre commencèrent à fréquenter la maison. Fièrement, ils se baptisaient « Pâtes aigres ». Ils arrivaient de San-Francisco et venaient prendre leur quartier d’hiver après avoir fouillé l’or en Alaska. Ils affluèrent en si grand nombre qu’ils emplirent une grande partie des hôtels de la ville basse.

La santé du capitaine Tom baissa avec la belle saison. Maintenant, il demeurait presque toute la journée dans le grand fauteuil, où il somnolait plus fréquemment que d’habitude, mais chaque fois qu’il ouvrait les yeux, il se voyait environné de jeunes gens ou bien quelque ancien camarade attendait ce moment-là pour s’asseoir auprès de lui, bavarder du bon vieux temps, et tirer des plans pour une nouvelle fuite au pays de l’or.

Car Tom — que les gens du Yukon appelaient Travers-le-Husky — ne songeait pas que sa fin fût si proche. « C’est une maladie passagère, disait-il, une faiblesse naturelle résultant de l’assaut prolongé de la fièvre dont il avait souffert à Yucátan. Au printemps il serait rétabli et prêt à repartir. Un climat froid, voilà ce qu’il lui fallait. Son sang avait été cuit. En attendant, il se la coulerait douce et se reposerait le plus possible. »