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La carcasse de la goélette échoua peu après sur la côte de Java. La nouvelle parvint à Frédéric à l’époque où Éliza Travers subissait une opération aux yeux ; aussi se garda-t-il de la lui apprendre avant de recevoir la confirmation irréfutable que Tom était encore vivant.

Frédéric alla jusqu’à son coffre et ouvrit le tiroir étiqueté « Thomas Travers », contenant des paquets rangés avec un soin méticuleux. Il parcourut les lettres, datées de tous les coins du monde : de Chine, de Rangoun, d’Australie, d’Afrique du Sud, de la Côte-d’Or, de Patagonie, d’Arménie, d’Alaska. Brèves et irrégulières, elles résumaient la vie nomade de son frère. Frédéric repassa en son esprit certains hauts faits de la carrière de Tom. Il avait pris part, en Arménie, à des troubles internationaux. Nommé officier dans l’armée chinoise, il s’était livré ensuite à un commerce illicite dans les mers de Chine. On l’avait arrêté à Cuba en train d’importer des armes. Une lettre toute froissée, écrite sur du papier pelure, lui annonçait qu’à la déclaration de guerre russo-japonaise, Tom avait été emprisonné pour avoir introduit du charbon à Port-Arthur. Traduit devant la cour martiale de Sasebo, il s’était vu condamner à la confiscation de son bateau et à la détention jusqu’à la fin des hostilités.

Voilà ce que Tom avait fait de mieux !