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toire. Il avait toujours été le chef de famille, celui sur qui on peut compter. Tom n’avait eu qu’un souci : rire et s’amuser dès l’école, où il faisait plus souvent qu’à son tour l’école buissonnière, et désobéir aux ordres de son père. Toujours par monts et par vaux, ou en démêlés avec les voisins et les autorités municipales, on le voyait partout, sauf dans les lieux où régnait le travail. Et le travail n’était pas un vain mot, en ces temps anciens de défrichage. Lui, Frédéric, avait accompli sa tâche, tous les jours, du matin au soir. Il se rappelait l’année où les projets grandioses d’Isaac s’étant écroulés, la nourriture était devenue rare sur la table, l’argent manquait pour louer les faneurs : malgré tout, Isaac ne voulut pas lâcher le moindre lopin de ses cent mille acres de terre. Frédéric avait dû prendre la faux et Tom le râteau.

Tom, cloué au lit après s’être cassé la jambe en tombant du toit de la grange (dernier endroit au monde où ratisser le foin) avait fait monter considérablement la note du médecin. Le seul travail effectif de Tom avait consisté, dans la vie, à abattre du gibier, recueillir de la graisse d’ours, dompter des poulains et lancer ses