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témoignaient à leur chef une affection et une loyauté sans bornes. Ils l’appelaient tour à tour : Black Tom, Blondin, Travers-le-Husky, Tom-le-Malemute, Tom-le-Rapide… mais pour la plupart il était le capitaine Tom.

Ils amenaient avec eux une infinité de projets plus invraisemblables les uns que les autres : le trafiquant des mers du Sud lui annonçait la découverte d’une nouvelle île de guano ; l’Américain du Sud lui présentait, dans la main, une révolution en germe ; un troisième lui proposait une ruée vers l’or en Sibérie et la prospection de placers sur le haut Kuskokîm : un autre, enfin, des choses ténébreuses dont on ne s’entretenait qu’à voix basse.

Tom maudissait l’indisposition temporaire qui le privait de partir séance tenante avec eux, et il continuait, plus que jamais, de somnoler dans le grand fauteuil.

Ce fut Polly qui, avec une familiarité détestable aux yeux de son oncle, prit ces hommes à part et leur signifia que le capitaine Tom ne reprendrait plus jamais les routes étincelantes de l’aventure.

Mais tous ne venaient pas avec des spéculations mirifiques en tête. Nombre d’entre eux faisaient une visite d’amitié à leur chef des anciens jours.

Frédéric assistait parfois à ces effusions et s’émerveillait de ce charme mystérieux