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ses générosités primesautières, ses chauds enthousiasmes ou ses colères, ses façons enveloppantes — étaient manifestement sincères. Ses caprices extravagants le scandalisaient et le fascinaient à la fois. Sa voix reflétait toute l’ardeur de ses sentiments. Dans sa bouche, l’anglais devenait une langue nouvelle, douce et limpide, avec une audace de forme et d’expressions pleine de subtilités et de nuances aussi claires qu’inattendues de la part d’une jeune personne si simple.

La nuit, il s’éveillait et, sous ses paupières assombries, il revoyait l’image éblouissante de la jeune fille lorsqu’elle détournait vers lui son visage rieur et débordant de vie.

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Telle fille, tel père !

Tom, lui aussi, était irrésistible. Des hommes étranges lui apportaient des messages du monde entier. Jamais on n’avait tant vu de visiteurs chez les Travers. D’aucuns rappelaient, par leur démarche, le roulis de la mer ; certains étaient des bandits aux sourcils noirs ; d’autres, au teint jaunâtre, avaient les traits ravagés par la fièvre, et tous s’exprimaient en un langage bizarre et étranger.

Frédéric connaissait ce genre d’individus : soldats de fortune, aventuriers, réfractaires de toute catégorie. Mais tous