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comparé aux morceaux qu’elle interprète. Sa musique me raconte des choses merveilleuses, inexprimables. Oh ! c’est à en devenir folle ! J’ai beau travailler, je n’arrive à aucun résultat. La vie est injuste. Pourquoi Polly est-elle ainsi douée, et pas moi ?

« Parce qu’elle sait aimer », songea immédiatement Frédéric ; mais, sans lui donner le temps d’approfondir cette pensée, Mary — fait sans précédent — éclatait en sanglots. Il aurait voulu la serrer dans ses bras, mais il ne savait comment s’y prendre. Il essaya : Mary se révéla aussi gauche que lui, et tous deux se trouvèrent fort embarrassés.

Le contraste entre les deux cousines était inévitable : tel père, telle fille ! Mary n’était qu’un pâle aide-de-camp d’un superbe conquérant. L’esprit d’économie de Frédéric avait été mis sévèrement à l’épreuve par les dépenses vestimentaires de Mary, et il connaissait le prix de chacune de ses robes. Cependant, Polly, d’un goût absolument sûr, s’habillait d’un rien et toujours plus élégamment que sa cousine. Sa façon de porter un châle était inimitable, et elle réalisait des miracles avec une simple écharpe.

— Elle possède une grâce naturelle, disait Mary. Bien qu’habillée en un quart d’heure, elle fait sortir tous les jeunes gens de leurs cabines lorsqu’elle va se baigner