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Cependant, la séduction de tout temps exercée sur lui par son frère l’hypnotisait encore. Parfois, le considérant avec une sorte d’effroi, il essayait d’analyser la nature de son charme, mais il ne voyait que les feux étranges brillant dans les yeux de Tom et, inscrite sur son visage, l’expérience qu’il rapportait des jours et des nuits de folie passées dans les pays lointains. Quelles visions magnifiques avait-il contemplées, lui, cet être léger et inconséquent ?

L’injustice du sort rendait Frédéric perplexe, mais sa pensée se reporta sur l’échec de Tom dans la vie et il éprouva quelque soulagement en comparant son existence à la sienne. Aussi se raidissait-il de fierté quand il lui faisait admirer son domaine.

— Tu as bien travaillé, disait Tom. Tu as réussi, toi.

Souvent il répétait ces phrases, et souvent aussi il s’assoupissait dans la grande automobile qui roulait mollement sur la route.

— L’ordre et l’hygiène règnent partout ici, disait Polly. Pas la moindre trace d’herbe là où il n’en faut pas. Comment vous y prenez-vous, mon oncle ? Brr… je ne voudrais pas être un brin d’herbe dans votre propriété, conclut-elle avec un frémissement d’horreur.