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Après quoi, il filait à l’anglaise dès qu’il entendait les premières notes de cette mélopée sauvage. Polly lui expliqua, un peu tardivement peut-être, que le dernier mot voulait dire « heureux », et non « saoul », mais elle ne parvint point à le convaincre, car elle dut avouer que le vieux monarque était un ivrogne et se trouvait dans les vignes du Seigneur chaque fois qu’il entonnait sa chanson.

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Frédéric souffrait de se sentir en dehors de tout. C’était un être sociable, aimant à rire, encore que ses distractions fussent à son avis d’un goût plus noble que celles qu’affectionnait son frère. Il ne pouvait admettre qu’autrefois les jeunes gens, considérant sa maison comme un endroit où l’on s’ennuie, n’y vinssent que pour remplir des obligations mondaines, alors qu’aujourd’hui ils y affluaient en bandes, attirés par son frère et non par lui.

Il n’endurait pas davantage la manière dont les jeunes femmes papillonnaient autour de Tom : elles l’appelaient par son prénom, lui tiraient sa moustache de boucanier en feignant de le punir quand, parfois, ses railleries spirituelles les visaient directement.