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Quant à la jeune personne qui l’accompagnait, Frédéric éprouva envers elle une antipathie immédiate, vague mais consciente. Tout dans son attitude, le bafouait ; cependant, il ne parvenait pas à déterminer exactement la cause de son aversion. Était-ce la robe, le costume-tailleur de coupe étrangère, la chemisette avec ses rayures audacieuses, le noir opiniâtre de sa chevelure, la profusion de coquelicots sur l’énorme chapeau de paille, ou bien l’éclair et la couleur de ses yeux noirs, ses joues roses, la blancheur de ses dents bien alignées qu’elle montrait trop volontiers ? Il n’aurait su le dire. « C’est une enfant gâtée », songea-t-il. Mais il n’eût pas le temps d’analyser ses impressions, car la main de son frère serrait la sienne et il lui présentait sa nièce.

Elle se mit à parler avec volubilité, en ponctuant ses paroles de gestes de la main. Il ne put s’empêcher d’en remarquer la petitesse : elles étaient ridiculement menues. Son regard se porta ensuite sur ses pieds, et il fit la même découverte. Indifférente à la foule rassemblée sur le trottoir de la gare, elle l’avait devancé près de l’automobile et avait placé les deux frères l’un à côté de l’autre. Tom avait acquiescé d’un sourire, mais son frère cadet se sentait mal à l’aise, intimidé par les regards de ses nombreux concitoyens. Ne connaissant que les vieilles