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Le souvenir de sa visite produisit un effet semblable à celui d’une bouffée forte et pénétrante venue d’un monde sauvage.

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Une semaine plus tard, battu par les flots et, cette fois, obligé de contourner la barre, le cotre douanier, l’Ours, accosta sur la rive. Toute une colonne de la gazette locale laissait entendre qu’on recherchait une mystérieuse goélette, l’Alcyon, coupable d’avoir débarqué une énorme quantité d’opium. Seuls, Frédéric et sa mère, ainsi que les domestiques indiens connaissaient l’histoire du cheval éreinté, abandonné dans l’écurie et comment il fut rendu subrepticement ensuite aux contrebandiers du village de pêcheurs, sur la côte.

Ces vingt ans n’avaient pas changé le Tom Travers qui, ce jour-là, descendit du Pulman. Aux yeux de son frère, il ne paraissait nullement malade. Naturellement, il avait vieilli ; son panama ne cachait pas ses cheveux grisonnants et, bien qu’imperceptiblement affaissées, ses épaules demeuraient toujours carrées et solides.