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Il avait rendu d’immenses services à son pays, mais cette voie ferrée constituait son dernier et grand triomphe, l’apogée des efforts paternels, le miracle qu’il venait d’accomplir. Les trains circulaient depuis deux ans et, témoignage éclatant des prévisions de Frédéric, on entrevoyait déjà des dividendes. Une autre récompense l’attendait : il était écrit que le prochain gouverneur de Californie se nommerait Frédéric A. Travers.

Vingt ans s’étaient écoulés depuis qu’il avait revu son frère aîné, et encore après un intervalle de dix ans. Il s’en souvenait comme d’hier. Tom était le seul homme capable de traverser la barre dans la nuit et cette fois-là, entre la chute du jour et l’aurore, poussé par une brise du sud-est, il était entré et sorti avec sa goélette.

Il n’avait prévenu personne de son arrivée.

Un bruit de sabots de cheval à minuit, une bête couverte d’écume dans l’écurie, et Tom était apparu avec un visage de vrai marin, ainsi que l’affirmait sa mère. Il ne resta qu’une heure et repartit sur un cheval frais, au milieu des rafales de pluie et des hurlements du vent dans les séquoias.