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compagne. Mais je me demande si vous ferez bon ménage tous les deux.

« Tom.

« P.-S. — Si cela ne te dérange pas trop, envoie-moi l’argent par retour du courrier. »

« Cher oncle Fred,

disait l’autre lettre, d’une écriture qui lui parut bizarre, dénotant une éducation étrangère, mais tracée d’une main nettement féminine.

« Papa ignore que je vous écris. Il m’a lu la lettre qu’il vous adressait. Il ne dit pas la vérité : il retourne au pays pour y mourir. Il n’en sait rien, mais les docteurs m’ont prévenue. Et il faut absolument qu’il vienne chez vous, car nous nous débattons dans un extrême dénuement. Nous habitons une sordide pension de famille, indigne de papa. Toute sa vie, il a secouru les autres ; maintenant l’heure a sonné de lui venir en aide. Il n’a nullement gaspillé son argent à Yutacan, comme il dit. J’étais avec lui et je sais ce qui s’est passé là-bas. Il a risqué toute sa fortune dans une combinaison commerciale et on l’a roulé. Il est incapable de se mesurer en affaires avec les New-Yorkais. Voilà l’explication, et je suis fière qu’il en soit ainsi. Il dit toujours, en plaisantant, que jamais je ne pourrai m’accorder avec vous. Mais je ne partage pas son avis. En