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je savais que bientôt je ne le reverrais plus avant trente jours. Longeant les rues de Niagara Falls, nous allâmes à la gare, dévisagés par les curieux, et surtout par un groupe de touristes sous la véranda d’un hôtel.

Il y avait beaucoup de jeu dans la chaîne, et avec un vacarme assourdissant nous nous assîmes, deux par deux, sur les sièges d’un compartiment de fumeurs. Bouillant d’indignation devant l’outrage perpétré contre ma personne et mes aïeux, j’étais cependant trop prosaïquement pratique pour en perdre la tête. Toute cette aventure représentait du nouveau pour moi. Trente jours de mystère m’attendaient, et je regardai autour de moi pour trouver quelqu’un qui pût me renseigner. Je savais déjà qu’on ne nous conduisait pas dans une petite prison d’une centaine de détenus, mais dans un grand pénitencier où l’on comptait deux mille convicts, purgeant des peines allant de dix jours à dix années.

Derrière moi, attaché à la chaîne par son poignet, était assis un homme aux muscles puissants, au torse carré et massif. Il pouvait avoir entre trente-cinq et quarante ans. Je le jaugeai tout de suite. Aux coins de ses