Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/93

Cette page n’a pas encore été corrigée

marques distinctives du professionnel. S’il se fût approché de notre bande lorsque nous attendions un convoi de marchandises, sans hésiter nous l’aurions classé parmi les « chats gais », synonyme de « bleu » chez les vagabonds. Ce chat gai n’était pas de première jeunesse, environ quarante-cinq ans, à mon avis. Il avait les épaules légèrement voûtées et une figure toute ravagée par les intempéries.

Pendant plusieurs années, d’après ses dires, il avait conduit des chevaux pour le compte d’une usine quelconque de Lockport, dans l’État de New York, si je me souviens bien. L’usine avait cessé de prospérer, et, finalement, pendant la crise de chômage de 1893, on l’avait mis à pied assez fréquemment. Cependant, on l’avait gardé jusqu’au bout, mais les derniers temps il n’avait pas travaillé régulièrement. Il expliqua les multiples difficultés rencontrées à trouver de l’embauche durant les mois suivants, alors que le chômage sévissait partout. Enfin, espérant être plus chanceux du côté des lacs, il était parti pour Buffalo. Naturellement, il était fauché. Voilà toute son histoire.