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aux vagabonds, je m’enfonçai dans la campagne. J’escaladai une barrière et me couchai dans un champ. Persuadé que Jean-la-Loi ne viendrait pas m’y dénicher, je m’étendis sur le dos dans l’herbe et dormis comme un tout petit enfant. L’air embaumé était si tiède que je ne m’éveillai pas une seule fois de toute la nuit. Mais à la première lueur grise du jour mes yeux s’ouvrirent, et je revis en esprit les admirables chutes. Je sortis du champ en sautant à nouveau la barrière et descendis la route pour les admirer une dernière fois. Il était encore très bon matin, à peine cinq heures, et je ne pouvais guère déranger avant huit heures les habitants pour mendier mon déjeuner. Je passerai donc trois bonnes heures au moins près du fleuve. Hélas ! je ne devais jamais plus contempler ni le fleuve ni les chutes !

La ville était endormie quand j’y pénétrai. Comme je suivais une rue tranquille, je vis sur le trottoir trois hommes qui s’avançaient vers moi. Je crus tout d’abord que c’étaient des vagabonds qui, tout comme moi, s’étaient levés de bonne heure. Ma supposition n’était pas tout à fait exacte. Les individus qui se trouvaient de chaque