Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

sa revanche tandis que l’autre s’escrimait à le servir.

Mais un coup de sifflet déchira l’air. La page était achevée. D’un bond nous fûmes debout et nous nous mîmes en rangs d’oignons sur la voie. Le convoi montait la côte, toussant et crachotant ; la lanterne de tête, nous inondant de lumière, détacha nos silhouettes en un vigoureux relief.

La locomotive nous dépassa, et nous courûmes tous avec le train, quelques-uns sautant sur les marches latérales, d’autres se lançant aux portes des fourgons vides et grimpant dedans.

J’agrippai la plate-forme d’un wagon chargé de toutes sortes de marchandises et, à quatre pattes, je gagnai un coin confortable. Je m’étendis sur le dos après avoir placé sous ma tête un journal en guise d’oreiller.

Au-dessus de moi les étoiles clignotantes tournoyaient par escadres, chaque fois que le convoi prenait une courbe. Je m’endormis en les suivant des yeux.

La journée terminée était une simple journée parmi toutes les autres de ma vie. Demain s’annoncerait un jour nouveau, et je débordais de jeunesse.