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du comté d’Érié, nous portions tous deux la livrée rayée des forçats.

La partie continua. J’appris quel en était l’enjeu : au bas du remblai, du côté du fleuve, un sentier raide et étroit conduisait à une source, huit mètres au-dessous. Nous jouions au haut du remblai. Le perdant devait prendre une petite boîte de lait condensé vide, la remplir d’eau et l’apporter aux gagnants.

Le moricaud avait perdu la première partie. Il prit le récipient, descendit le sentier et nous restâmes assis à nous moquer de lui. Nous bûmes comme des trous. Pour moi seul il dut faire quatre voyages, et les autres usèrent de la même immodération dans leur soif. Le chemin étant très rapide, le négro glissait parfois à mi-chemin, renversait le précieux liquide et retournait en chercher. Mais il demeurait imperturbable, riait même d’aussi bon cœur que nous ; c’est pourquoi il dégringolait si souvent.

Aussi nous promit-il d’avaler à son tour de prodigieuses quantités d’eau dès qu’un autre serait pincé.

Notre soif assouvie, une autre partie commença. De nouveau le nègre perdit, et