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étaient là, avec leur loi plus forte que moi-même.

L’homme, à bout de souffle, épongea sur la manche de sa veste la sueur qui lui coulait dans les yeux et me lança un regard plein de défi. Je lui rendis ce coup d’œil d’un air détaché ; ses manières d’agir ne me concernaient nullement. Je ne m’en allai pas tout de suite. Je restai là étendu une demi-heure encore, ce qui, étant donné les circonstances, était une preuve de tact et d’étiquette. Je roulai des cigarettes avec du tabac que je leur empruntai, et lorsque je me glissai du talus sur la voie du chemin de fer, j’étais pourvu des renseignements nécessaires pour attraper le prochain train de marchandises se dirigeant vers le sud.

Et puis après ? C’était une page de la vie, voilà tout, et j’en ai vu d’autres bien pires. J’ai souvent prétendu (mes auditeurs ont cru que je plaisantais) que l’homme se distingue des animaux surtout en ceci : il est le seul animal qui maltraite sa femelle, méfait dont jamais les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication. Sur ce point, notre frère « inférieur » conserve