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Il coupa net ma requête par ces paroles :

— Vous ne m’avez pas l’air de vouloir travailler, vous !

Cette remarque était pour le moins déplacée, puisque je n’avais pas prononcé un mot à ce sujet. Je réclamais simplement de quoi manger. De fait, je ne désirais pas travailler, mais prendre le train de l’Ouest ce même soir.

— Vous ne travailleriez pas, même si on vous en donnait l’occasion ! rugit-il.

Je lançai un regard à sa femme au visage timide et je compris que, sans la présence de ce cerbère, je pourrais moi aussi mordre un brin au délicieux pâté. Mais le goinfre se rejeta sur son assiette, et je vis qu’il me faudrait l’amadouer si je voulais en obtenir ma petite part. Je poussai un soupir et acceptai ses observations.

— Mais si, je cherche du travail, affirmai-je avec aplomb.

— Je n’en crois pas un mot ! dit-il en reniflant.

— Essayez donc de m’en procurer ! répliquai-je, continuant de plus belle à mentir.

— Très bien. Soyez au coin de telle et telle rue (j’ai oublié l’adresse exacte) demain matin. Vous savez où se trouve la maison