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la scène. Je ne bougeai pas davantage, je l’avoue sans honte, bien que ma raison dût lutter contre mon envie de me lever et de prendre part à l’affaire. Mais je connais la vie. Qu’aurait-il servi, à cette malheureuse ou à moi, que je fusse roué de coups par ces cinq brutes étendues là sur la rive du Susquehanna ? Jadis j’ai vu pendre un homme, et, encore que toute mon âme protestât, ma bouche ne proféra pas un cri. Si j’avais cédé à mon indignation, j’aurais eu probablement le crâne brisé par un revolver, car ce réfractaire devait, selon la loi, être pendu. Et ici, chez cette bande de bohémiens, la loi ordonnait que cette femme reçût les coups de fouet.

Cependant, dans les deux cas, ce n’est point la loi qui m’empêcha d’intervenir, mais le fait que cette loi s’avérait plus puissante que moi. Si ces quatre individus ne s’étaient pas trouvés là, j’eusse réglé son compte à l’homme au fouet. À moins qu’une des femmes ne se fût jetée sur moi un couteau ou une massue à la main, je suis certain que j’aurais mis le tortionnaire fort mal en point. Mais les quatre drôles