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temps le sang gicla le long des petites jambes grêles. Il dansait, se tortillait, se ployait en deux, et bientôt on eût dit quelque grotesque marionnette mue par des ficelles, si ses cris aigus n’eussent donné le démenti à cette parodie. Vint le moment où l’enfant n’y put plus tenir. La raison lui manquant, il tenta de s’échapper. Mais le bourreau le poursuivit, le ramenant chaque fois par ses coups dans l’espace découvert.

Alors se produisit un intermède. J’entendis un cri sauvage, étouffé. La femme qui se tenait assise sur le siège de la voiture courut se jeter entre l’homme et l’enfant.

— Ah ! tu en veux aussi, toi ! rugit-il. En bien, tiens, attrape !

Il lança le fouet sur elle. Ses jupes étaient longues, aussi n’essaya-t-il pas de la frapper sur les jambes. Il la cingla au visage, qu’elle protégeait de son mieux de ses mains et de ses avant-bras, et en baissant la tête entre ses maigres épaules. Une pluie de coups s’abattit sur elle. Mère héroïque ! Elle savait bien ce qu’elle faisait. Le gamin, hurlant toujours, se faufila entre les roulottes.

Pendant ce temps, les quatre hommes allongés près de moi avaient suivi impassiblement