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Le chef, immobile, attendait le second gamin, qui se décida enfin à sortir du couvert d’arbres. Il ne vint pas directement, mais s’approcha comme un chien rampant, pris de petites paniques qui le faisaient reculer d’une demi-douzaine de pas. Cependant, il gagnait sensiblement du terrain et s’approchait de plus en plus de l’homme, en poussant des cris inarticulés comme ceux d’un animal. Pas une fois il ne regarda la brute. Il tenait constamment les yeux fixés sur le fouet, et je distinguai dans ses prunelles une terreur qui me fendit le cœur – la terreur éperdue d’un enfant maltraité au-delà de tout ce qu’on peut concevoir. J’ai vu des hommes forts tomber en pleine bataille et se tordre comme des vers dans les affres de la mort, et d’autres malheureux projetés en l’air et leurs corps mis en pièces sous les éclatements d’obus. Croyez-moi : tout cela n’était qu’un joyeux divertissement, des explosions de rires et des chansons, en comparaison de la scène atroce dont je fus témoin.

Le supplice commença. Les coups que reçut le premier gamin n’étaient que des caresses à côté de ceux-ci. En un rien de