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intérieure qui se livrait entre sa peur et sa raison. Il voulait rebrousser chemin. Son intelligence et l’expérience lui conseillaient de le faire. C’eût été moins répréhensible que de fuir, mais même si la punition devait être moins sévère, elle l’effrayait encore suffisamment pour le pousser à prendre le large.

Cependant il traînailla jusqu’à ce qu’il eut atteint l’abri des arbres où il fit halte. Le chef de la tribu ne se donna pas la peine de le poursuivre ; il alla tranquillement à une roulotte et revint avec un long fouet au milieu de l’espace libre, sans parler, sans faire le moindre geste. Il représentait la Loi, impitoyable et toute-puissante. Il resta planté là, simplement. Et je savais, tout comme les deux gamins réfugiés à l’ombre des arbres, ce qu’il attendait.

Le gosse revint lentement sur ses pas, avec hésitation. Mais il ne manifestait aucune faiblesse. Il était prêt à accepter sa punition. Et, sachez-le bien, celle-ci n’allait pas s’appliquer à l’offense initiale, mais à la tentative de fuite. En cela, le chef de la tribu se comportait absolument comme la société supérieure dans laquelle il vivait. Nous punissons nos criminels, mais lorsqu’