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d’air, et nous nous chauffions aux rayons d’un éclatant soleil. De partout montait le bourdonnement engourdissant des insectes, et l’air embaumé se chargeait des douces senteurs de la terre et des pousses vertes. Nous étions trop indolents pour songer à autre chose qu’à échanger quelques propos.

Soudain la paix et la quiétude du lieu furent troublées par un homme.

Deux gamins de huit ou neuf ans, aux jambes nues, avaient enfreint légèrement quelque loi du campement. Je ne sus au juste ce dont il s’agissait, mais un des individus allongés près de moi se dressa pour les appeler.

C’était le chef de la tribu, un homme au front étroit, aux yeux fendus et dont les lèvres minces et les traits crispés, à l’expression sardonique, expliquaient pourquoi les deux galopins avaient bondi et s’étaient raidis au son de sa voix, comme des daims surpris. La frayeur se peignait sur leurs visages et ils se détournèrent pour fuir.

Il leur intima l’ordre de revenir vers lui. Un des garçons traînait en arrière, marchant à contre-cœur, et son petit corps fluet exprimait, en une pantomime, la lutte