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des odeurs saines de la sueur et de la lutte, de l’arrière-goût et des senteurs des pays lointains. Et j’écorchai littéralement leurs tendres paumes avec les callosités de mes mains, le bout de corne d’un demi-pouce que produisent la manœuvre des cordages et les longues heures passées à caresser les manches de pelles. Je le fis, non par fanfaronnade juvénile, mais pour leur prouver, par ma besogne accomplie, le droit que j’avais à leur charité.

Ah ! je les revois encore, ces chères et excellentes âmes, tout comme voilà douze ans lorsque je pris place à leur foyer, discourant sur les pistes que j’avais parcourues. Je repoussais leurs conseils bénévoles en véritable garnement que j’étais, et les faisais frémir non seulement au récit de mes propres exploits, mais de ceux de tous les autres individus auxquels je m’étais frotté et qui m’avaient fait leurs confidences. Je m’appropriais toutes les aventures ; et si ces saintes femmes avaient été moins confiantes et moins naïves, elles eussent eu beau jeu à m’embrouiller dans ma chronologie. Eh bien, et après ? N’était-ce pas là un échange de bons procédés ? En retour de leurs nombreuses