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grignoter leurs petites rôties. La vie semblait s’éteindre dans leurs corps. Pourtant, elles avaient dormi toute la nuit dans un lit douillet, tandis que moi, après avoir parcouru à pied la distance qui sépare Harrisbourg d’Emporium, une ville du nord de la Pensylvanie, j’avais couché à la belle étoile, contraint de consumer mes propres calories pour conserver ma chaleur.

Leurs rôties ! Elles disparaissaient à vue d’œil. Je n’en faisais guère qu’une bouchée. Si vous saviez comme il est fastidieux de reprendre continuellement ces menues tranches de pain quand on a une faim de loup !

Lorsque j’étais petit gamin, je possédais un roquet appelé Punch. Je lui servais moi-même sa pâtée. Un de mes parents ayant rapporté plusieurs canards de la chasse, nous avions fait un excellent déjeuner. À l’issue du repas, je préparai celui de Punch, un énorme plat rempli d’os et de bons morceaux. Au moment où je sortais pour le lui donner, un visiteur arrivait à cheval d’un ranch voisin, accompagné d’un terre-neuve de la taille d’un veau. Je posai le plat à terre. Punch agita la queue et se mit tranquillement à l’œuvre. Il avait devant lui au moins une