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change, mais quand il commença de jeter des gaillettes dans mon trou, je me rendis et pour la troisième fois je dus partir. Il prit la peine de me menacer, en termes véhéments, du sort qui m’attendait s’il m’y reprenait.

Je crus bon de modifier ma tactique. Quand un homme tient le même raisonnement que vous, le mieux est d’abandonner prestement votre façon de voir et d’en adopter une autre.

Je me dissimulai donc entre les wagons sur une voie adjacente et j’attendis : comme j’y comptais, mon bonhomme revint, ouvrit la porte, monta, jeta du charbon dans le trou que j’avais quitté. Il rampa même sur le bord pour y regarder. Satisfait enfin, il s’éloigna.

Cinq minutes après, le train démarrait : personne en vue. Je courus, ouvris la porte du wagon et repris ma place. Le garde ne chercha pas à me retrouver et je demeurai dans le charbon sur un trajet de mille cinq cents kilomètres exactement, dormant la plupart du temps et ne sortant qu’aux têtes de division – où ces trains stationnent en général une heure environ – pour mendier.