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contre la neige[1], les tunnels et les éternelles blancheurs des montagnes s’élevant jusqu’au ciel.

Mais ce repas constituait un problème presque insoluble. À une douzaine de portes on m’avait refusé tout secours, répondu par des insultes, ou indiqué la prison comme le seul domicile digne de moi. De tels propos n’étaient, hélas ! que trop justifiés. Voilà pourquoi je m’étais décidé à partir pour l’Ouest cette nuit-là. Jean-la-Loi régnait partout dans la ville, en quête des affamés et des sans-logis.

À d’autres maisons, on me claqua la porte au nez, pour couper court à mes requêtes humbles et polies. À une certaine demeure, on ne m’ouvrit même pas. Je restai sous la véranda et frappai : les gens vinrent me regarder par la fenêtre. Ils soulevèrent même un robuste petit garçon pour qu’il pût voir, par-dessus les épaules de ses aînés, le vagabond qui n’aurait rien à manger chez eux.

Je commençais à envisager la pénible obligation de m’adresser aux pauvres, qui constituent

  1. Dans ce pays neigeux, on construit ces sortes d’abris, principalement au flanc des montagnes, pour protéger le train contre les avalanches.