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voix, il crie à ses collègues qu’il me tient et ils donnent le signal du départ. La locomotive et les trois fourgons nous dépassent. Ensuite, le conducteur et l’autre garde embarquent. Mais je reste toujours prisonnier. Je devine leur stratagème : ils vont me maintenir jusqu’à la fin du train. Là, mon gardien sautera dans le wagon et me laissera derrière… au fossé.

Mais le démarrage a été brusque : le mécanicien essaye de regagner du temps ; de plus, le convoi est long, il accroît sa vitesse, que le garde calcule avec inquiétude.

— Crois-tu pouvoir remonter ? lui demandé-je innocemment.

Il me lâche soudain, court quelques mètres et grimpe. Il reste encore quelques voitures après la sienne. Le garde demeure sur le marchepied, la tête penchée et me surveillant. Ma résolution est prise instantanément. Je prendrai la dernière plate-forme. La vitesse va en augmentant ; si je manque mon coup j’en serai quitte pour une chute sur la voie et ma confiance est celle de la jeunesse.

Je me tiens immobile, l’épaule affaissée, laissant croire que j’ai perdu tout espoir, mais du pied j’éprouve le ballast. C’est une