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Je vois leur plan : c’est de m’éloigner. D’abord ils me rabattent vers la queue. J’aperçois le danger ; une fois que j’aurai dépassé le dernier wagon, le train partira, me laissant en arrière.

J’exécute des feintes, des crochets, des tours et réussis à gagner la tête. En vain : un garde reste attaché à mes pas. Eh bien, je vais lui faire faire la plus belle course de son existence, car mon souffle est bon. Je longe la voie. Cela n’a aucune importance ; même si le drôle me suit sur quinze kilomètres, il faudra bien qu’il rattrape son train, quelle que soit la vitesse, et, s’il le peut, moi aussi !

Je cours donc, juste assez pour ne pas me laisser rejoindre, et rivant mes yeux sur la route obscure pour éviter les barrières et les aiguilles qui font obstacle. Hélas ! je regarde trop loin devant moi : mes pieds butent contre je ne sais quel petit objet et je roule par terre après quelques faux pas. Je me relève d’un bond mais le garde me tient déjà au collet. Je n’essaie pas de résister. J’ai trop à faire de reprendre mon souffle et d’évaluer la force du bonhomme. Il est étroit d’épaules et je pèse au moins trente livres de plus que