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et, dans le ton de sa voix, je constate avec soulagement une nuance d’admiration.

— Espèce de saligaud !

C’est là un compliment de valeur, et je frémis comme un écolier recevant une récompense méritée.

J’en profite pour lui dire, en guise de réponse :

— Ne t’avise plus de jouer de la lance sur moi, ou alors…

— Entendu, fait-il, et il retourne à son foyer.

Je me suis réconcilié avec la locomotive, mais les gardes restent sur le qui-vive : à l’arrêt ils occupent les trois premiers fourgons ; comme précédemment, je prends le milieu du train, sur le toit du wagon.

Débordants de colère, ils font stopper. Ils veulent m’expulser, coûte que coûte. À trois reprises le puissant rapide s’arrête pour moi, et à chaque fois j’élude la poursuite et remonte sur les toits. Cependant ma situation ne leur laisse aucun espoir, ils l’ont enfin compris. Je leur ai démontré qu’ils ne peuvent protéger le train contre moi : il leur faut trouver autre chose.

Au dernier arrêt, ils me prennent au débusqué.