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d’aller jusqu’au bout. À mi-chemin je fais demi-tour et à pas feutrés et rapides je regagne l’endroit que je viens de quitter. Le chemin est libre. J’en profite pour descendre à contre-voie, et je me perds dans les ténèbres. Personne ne m’a aperçu.

Je vais m’appuyer à la barrière, à droite de la ligne. J’observe. Tiens ! tiens ! qu’est ceci ? Une lanterne se promène sur les toitures, de la tête à la queue. Ils ne me croient pas descendu et me cherchent. Mieux encore : de chaque côté du convoi, parallèlement à celle d’en haut, marchent deux autres lumières. Ils font les rabatteurs, et c’est moi le lièvre. Quand j’aurai été levé, les deux d’en bas me prendront au piège.

Tout en roulant une cigarette, je regarde défiler le cortège. Il me dépasse, et rien ne s’oppose plus à ce que je rejoigne le premier fourgon : je le fais sans aucune gêne. Mais avant que le train ait pris de la vitesse, au moment où j’allume ma cigarette, j’aperçois le chauffeur, grimpé sur le charbon à l’arrière du tender, d’où il me considère. La crainte m’envahit. De cette position élevée il peut à coups de gaillettes, me réduire en marmelade. Loin de là ! Il m’adresse la parole