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jambes et me voilà soutenu en équilibre sur les mains. À l’instant même où je raccourcis les jambes, les gardes s’élancent pour me saisir et n’attrapent que le vide. Je les vois en baissant la tête, et j’entends leurs imprécations.

Ma situation est des plus précaires : je suis écartelé sur l’espace qui sépare les deux fourgons. D’un mouvement rapide et précis je place les deux mains sur la courbe d’un des fourgons et les deux pieds sur l’autre. Puis m’agrippant au bord de la déclivité, je parviens à atteindre la partie plane du toit et je m’assieds pour reprendre haleine, tout en me retenant à un ventilateur qui dépasse.

Me voilà « sur le pont », comme nous disons pour qualifier cette manière de voyager. Permettez-moi d’avancer que seul un hobo jeune et fort peut se risquer à pareil exercice sur un train de voyageurs ; par surcroît, il lui faut des nerfs solides.

Bref, le train continue sa route. Je me sens en sûreté jusqu’au prochain arrêt… mais pas plus loin : si je ne déloge pas du toit à temps, les gardes me lapideront de morceaux de ballast. Un vigoureux gaillard peut lancer et laisser tomber sur le haut d’un toit, comme « une goutte de rosée », un bon petit chanteau