Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée

côté et cours parallèlement au train. Mon intention est de rattraper le premier fourgon.

C’est un coup hasardeux : la vitesse s’accroît et l’autre me suit de près. Je constate pourtant ma supériorité sur lui à la course, car je réussis, et du marchepied je le regarde me poursuivre : il se trouve à trois mètres derrière moi et s’efforce de m’atteindre. Mais le train a maintenant repris à peu près son allure normale, et la distance entre nous reste constante.

Je lui crie des encouragements, lui tends la main, mais il éclate en jurons énergiques, abandonne la partie et remonte dans une voiture de queue.

Le convoi fend l’air et je jubile à part moi, quand soudain et sans que rien me l’ait fait prévoir, un jet d’eau m’inonde. Le chauffeur a dirigé sur moi sa lance d’arrosage. Je quitte la plate-forme et me colle contre l’arrière du tender dont l’évasement me protège, et la cataracte passe inoffensive au-dessus de ma tête. Les doigts me démangent d’escalader le tender et de lapider le mauvais plaisant à coups de gaillettes. Oui, mais en ce cas il m’assommera avec l’aide du mécanicien ; aussi je m’abstiens.