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La fierté me gonflait la poitrine ! Un Crésus ne fut jamais plus orgueilleux de son premier million ! Je tenais le coup, tout seul, contre deux gardes-frein, un conducteur, un chauffeur et un mécanicien.

Et voici quelques-unes de mes tactiques :

En tête, dans les ténèbres, si loin que le garde doit forcément quitter le fourgon avant de m’avoir rejoint, je regrimpe sur le train. Parfait ! Encore une station de gagnée.

À cette station je recommence la manœuvre de filer devant. Le train repart ; je le regarde s’avancer. Pas de lanterne sur le fourgon. Ont-ils abandonné la partie ? Mystère. Mais on ne peut répondre de rien ; il faut, à n’importe quel moment, se tenir prêt à toute éventualité. Le premier fourgon me rejoint… je prends mon élan pour bondir… j’écarquille les yeux pour distinguer si le garde se cache sur la plate-forme. Il peut parfaitement s’y trouver, avec sa lanterne masquée, et quand je sauterai sur le marchepied, cette lanterne se brisera sur ma tête. Je sais ce que j’avance : cet accident m’est arrivé deux ou trois fois.

Mais non… la plate-forme est vide : la vitesse augmente. Hop ! encore bon pour une