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sèches, récoltées auprès des paysans canadiens français.

Pour comble, mon abattement s’était accru par la fatigue d’une journée passée à chercher des vêtements en vue de ce long voyage. Ottawa est la ville du Canada et des États-Unis où les gens montrent le moins d’empressement à lâcher leurs vieux habits, après Washington, la capitale, qui bat tous les records. Je suis resté deux semaines dans cette dernière ville en quête d’une paire de souliers et, en fin de compte, il m’a fallu partir bredouille pour Jersey City.

Mais revenons à Ottawa. À huit heures précises, je commençai ma chasse aux frusques. J’avais trimé sans arrêt, parcouru au moins soixante kilomètres et frappé à un millier de portes, sans même prendre le temps de manger. Eh bien ! à six heures du soir, après dix heures d’un labeur acharné et déprimant, il me manquait encore une chemise ; le pantalon que j’avais récolté était trop étroit et présentait, en outre, tous les symptômes d’une ruine imminente.

À six heures, je lâchai tout pour gagner le voisinage de la voie ferrée, avec l’espoir de trouver, chemin faisant, quelque nourriture.