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glisser sa corde, la tirant, de façon à donner à son arme volante le plus de chocs et de soubresauts possible. Chaque coup peut être meurtrier et à quatre-vingts à l’heure cela devient une véritable danse de la mort. Le lendemain, on ramasse le long de la voie le cadavre déchiqueté du resquilleur, et la gazette locale consacre une ligne à l’inconnu, « sans doute un vagabond, probablement pris de boisson, qui a dû s’endormir sur les rails ».

Comme exemple typique de la façon dont un hobo adroit parvient à brûler le dur, je vais vous relater un de mes propres exploits.

Je me trouvais à Ottawa, en route vers l’Ouest par le Canadian Pacific. Devant moi s’allongeaient trois mille kilomètres de rail. On était en automne et je devais traverser le Manitoba et les montagnes Rocheuses. Un froid cinglant s’annonçait et chaque jour de retard augmentait les difficultés du voyage. Je me sentais découragé. La distance de Montréal à Ottawa est de cent quatre-vingts kilomètres. Je le savais, car je venais de la parcourir à pied et le trajet m’avait pris six jours, pendant lesquels je ne m’étais nourri, et encore insuffisamment, que de croûtes