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pour qu’un jour je ne retrouve le mari de ma sœur de Salt Lake City !

En revanche, j’ai la certitude que je ne verrai jamais mes nombreux pères et mères et grands-parents, car, voyez-vous, invariablement je les faisais mourir. La maladie de cœur était ma façon habituelle de me débarrasser de ma mère ; parfois, cependant, je la faisais disparaître victime de la tuberculose, de la pneumonie ou de la fièvre typhoïde. Il est vrai – ainsi qu’en pourraient témoigner les policiers de Winnipeg – que je possédais des grands-parents en Angleterre, mais il y a si longtemps de cela qu’on peut les supposer morts à l’heure actuelle. Quoi qu’il en soit, jamais ils ne m’ont donné signe de vie.

J’espère que si cette femme de Réno lit ces lignes, elle voudra bien me pardonner mon outrecuidance et ma fourberie. Comme je l’ai dit tout à l’heure, je ne m’en excuse pas, car je n’en ressens aucun remords : la jeunesse, la joie de vivre, le goût de l’aventure m’amenèrent, seuls, à sa porte. L’expérience m’a été salutaire : j’ai connu par cette excellente dame la bonté intrinsèque de la nature humaine. Je souhaite que son acte charitable